#QuarantineLife – Chronique 2 : Effet révélateur

Paris, mardi 17 mars 2020

Dès lundi matin, l’annonce d’une nouvelle allocution du Président de la République à 20h nourrit toutes les craintes et suppositions à Paris et ailleurs. Curieux soulagement que d’entendre les nouvelles restrictions et les mesures de soutien annoncées (« Nous sommes en guerre »). Face à l’incivilité, il n’y a pas d’autres moyens (des médecins tirent encore et encore la sonnette d’alarme ici et ici).

Aujourd’hui midi, le confinement total a commencé. Des habitants se sont rués dans les dernières heures vers des marchés ou des grandes surfaces sans doute affolés par la pénurie, angoissés par les budgets alimentaires déjà trop serrés. Les voies pour quitter la ville étaient toutes saturées (200 km de bouchons hier autour de Paris), c’est l’exode.

En début de journée à Paris, une foule se presse encore dans les gares pour tenter de monter à bord des derniers trains bondés qui ne contrôlent même plus les passagers, tous les agents publics sont exposés. Ces paniqués se précipitent vers leur famille et amis sans penser qu’ils sont un possible vecteur du virus (un malade sur 2 n’a pas de symptômes, mais est contagieux…). Les policiers s’installent aux points de contrôle sans masques.

A Paris, un habitant sur deux est seul. Les jeunes urbains ont de nombreux contacts sociaux quotidiens. La perspective de l’enfermement pour plusieurs semaines et même probablement plusieurs mois, souvent dans un petit logement seul ou pas, pousse chacun à se poser soudainement de profondes questions.

Qui peut prêter assistance, une place dans une voiture ou dans une maison secondaire ? Que préfère-t-on si on a le choix être seul ou pas, mais avec qui ? Rester ou partir ? Prendre le risque de transporter avec soi le virus ? Bref, il faut faire un vrai choix de vie pour 30, 60 ou même 90 jours de confinement et l’assumer.

D’autres n’ont qu’une option. Ceux qui vivront 24/7 avec conjoint ou famille ou ceux qui seront seuls, dépendants ou isolés dont les parents et amis souffrants que l’on ne pourra visiter pendant une durée indéterminée.

Les amis et les familles s’appellent quotidiennement, comme lors des attentats, souvent en vidéo. Et on prend plus de temps pour les isolés et les anxieux, ceux que l’on doit soutenir.

La crise agit comme un révélateur individuel et collectif. Chacun se retrouve face à lui-même, à son propre miroir, ses peurs, à la perte de son confort, à son impuissance aussi.

Nous sommes dans une situation dans laquelle nous n’avons plus aucune liberté et nous devons dans l’intérêt de tous nous soumettre totalement. Notre épanouissement futur – l’après-crise – dépend de notre capacité en tant qu’individu à nous dépasser. Plus rien ne sera comme avant.

 

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