#QuarantineLife – Chronique 1 : après moi le déluge…

Depuis plusieurs semaines, nous savions que l’épidémie arrivait en France et les nouvelles très inquiétantes d’Alsace ne pouvaient que nous réveiller si besoin était. La semaine du 9 mars, mon entourage et moi nous sommes passés en mode télétravail et réorganisation totale pour préparer le confinement. C’est le cas aussi des amis classés dans la catégorie « personnes fragiles » de tous âges sans attendre les déclarations officielles. Il faut se préparer, surtout mentalement.

Le tsunami arrive au loin, comme au ralenti ! Les Français ont fait comme si la vague les contournerait. Méprisant les Italiens, dénigrant leur système sanitaire comme Sibeth Ndiaye. Comme si nous étions bien mieux qu’eux. Plus subtils et intelligents sans doute.

Matteo Renzi a lancé un grave avertissement à l’Europe le 12 mars : « Ne faites pas la même erreur que nous ! », le même jour Emmanuel Macron prenait la parole pour la première fois pour annoncer lors d’un long discours réussi, la fermeture des écoles et universités dès le lundi suivant le 16 mars et des mesures économiques exceptionnelles. C’était le premier coup de semonce.

Cependant les élections municipales sont maintenues et auront lieu quelques jours plus tard, le 15 mars. Il était bien moins dangereux de voter que de faire ses courses dans un magasin bondé ou de s’attarder à une terrasse ! Le ministre de la santé prend régulièrement la parole pour expliquer le plus pédagogiquement possible ce qui se passe.

Mais cela n’a pas suffit, il a fallu que le premier ministre annonce samedi soir que les commerces non essentiels fermaient dans la nuit pour une durée indéterminée, nous sommes en phase 3.

Sur les plateaux, les visages sidérés des chroniqueurs habituels de BFMTV révèlent que les français n’y croyaient pas vraiment. Comme si les images et les témoignages entendus étaient lointains et désincarnés. La peine et la souffrance de nos proches voisins ne nous touchaient pas.

La privation de liberté angoisse. Olivier Duhamel s’affole lors de la soirée électorale ou plutôt médicale, le fléau est à nos portes, mais il déclare : « je préfère mourir que voir ma porte plombée » !

Après moi le déluge ! Dans les rues de Bastille ou Saint-Michel, les jeunes et les errants du samedi soir hésitent à voter le lendemain, mais pas à boire un dernier verre avant les restrictions, moi d’abord. Pour ces tristes hédonistes, ces recommandations n’ont pas d’importance, comme si les boomers et les autres n’en valaient pas la peine, ok millennials !

Les beaux jours pointent, des français un peu partout dans les villes, et de nombreux Parisiens n’ont pas voulu écouter pour prolonger leur insouciance. Ils sont donc sortis, fêter la fermeture des bars et restaurants, et le lendemain sortis sur les bords de Seine, du Canal ou dans les jardins comme si de rien n’était. Petites têtes blondes et crinières blanches confondues fabriquent sans le savoir des bombes à retardement invisibles ! Chacun peut être porteur, sain ou pas, peut être infecté ou infectant. Tous dans le même bateau.

Nouvelle conséquence, les jardins sont donc fermés à partir d’aujourd’hui et nous attendons de nouvelles restrictions, probablement le confinement pour 45 jours minimum (cf nouveau discours de président ce soir). Prédiction autoréalisante, les comportements collectifs irresponsables amplifient la crise sanitaire.

Aujourd’hui lundi, après les parents et enfants qui le pouvaient dès ce week-end, les citadins quittent massivement l’Île-de-France, Paris se vide, de très longues files d’attente se forment, et nous renvoient à des images d’un autre temps. Toujours totalement inconscients, les citadins vont disséminer le virus plus rapidement encore sur tout le territoire et à leurs proches, comme cela a été le cas en Italie. Resteront donc que ceux qui ne peuvent ou ne veulent fuir ! Paris s’éteint, mais nous veillerons.

Certains s’imaginent plus protégés ailleurs et ne comprennent pas que nous sommes acteurs et pas seulement spectateurs de cette crise.

 

PS : Il y a quinze ans, nous étions une poignée de primo-blogueurs dont l’ami William Rejault qui twittait aujourd’hui : « c’est le moment de relancer nos blogs » (voir ici), j’ai pensé la même chose !

Paris vide dans le film court : « Hypocentre » par Maxime – menilmonde

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