#MaVieEnConfinement : le printemps – Chronique 4
Calme est le soleil, et le chant des oiseaux revenus qui monte et se répand dans la rue silencieuse, l’air est doux. La vie réapparaît, mais sans les humains. Le cadre est bien posé après une première semaine de confinement.
Aujourd’hui, c’est le printemps, l’atmosphère est d’autant plus étrange dans le décor qui m’entoure. La lumière nous réchauffe. Les bourgeons croissent sous nos yeux sur les branches des platanes. Les fleurs s’épanouissent sur les arbres du jardin plantés au pied de l’église et plus loin, les jardins et parterres de fleurs rayonnent sans que personne ne puisse vraiment les contempler. Il y aussi les cerisiers japonais du square Jean XXIII de Notre Dame que nous aimons tant, entouré de hauts murs de tôle et qui se nettoie de ses cendres et cicatrices.
Derrière ma vitre, cette planète magnifique n’est pas vivable pour nous. Ce n’est pas l’atmosphère qui est hostile, ce sont les autres membres de mon espèce qui représentent un danger, en particulier notre ignorance collective. Nous devons donc nous éloigner. Tout devient loin. La seule ligne ouverte celle qui conduit aux magasins autorisés. Retenue dans ma bulle, je ne peux sortir me promener dans ce jardin d’Éden. Comme si j’étais un visiteur venu d’ailleurs qui serait de passage sur la planète Terre que je ne pourrais qu’effleurer. Paris aussi est sublime, on a envie de courir vers elle pour la contempler, mais c’est impossible.
L’espace autour de nous se resserre, fermeture des voies sur berges, des esplanades du Champs de Mars et des Invalides. Les inconscients qui ne respectent pas les instructions les plus élémentaires obligent les autorités à les durcir. Nous ne verrons pas ce printemps, nous le vivrons qu’à travers nos paysages intérieurs.
Mais nous sommes bien sûr vivants. Autour de moi, tout le monde se porte bien. Le fléau s’approche telle une tempête redoutable et invisible. Nous la traverserons comme avant nous, ces sapiens si fragiles qui subissaient le climat, les événements, les changements, les virus, pandémie et famine, dont ils ignoraient tout. Ils y sont parvenus. Nous aussi on y arrivera.
Source de la photo : cerisier du Jardin des Plantes, Paris 5, carnetsdalice.com